Elle a toujours jonglé. Entre piano et violoncelle. Archet et baguette. Helsinki, Paris et Los Angeles. La cheffe d’orchestre finlandaise révélée en France par Pierre Boulez apporte son énergie au Festival d’Aix-en-Provence. Du 3 au 12 juillet, elle y dirige l’opéra “Innocence”, de Kaija Saariaho. Une création mondiale.

Télérama

Sophie Bourdais

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Susanna Mälkki ne s’est jamais pensée comme une pionnière. La trajectoire de cette cheffe d’orchestre réclamée dans le monde entier indiquerait pourtant le contraire. En 2006, le compositeur Pierre Boulez (1925-2016) lui confie les rênes de son Ensemble intercontemporain (EIC), faisant de cette trentenaire la première baguette finlandaise à s’imposer à Paris, bien avant l’arrivée de Mikko Franck à Radio France et de Klaus Mäkelä à la Philharmonie, mais aussi la toute première directrice musicale nommée à la tête d’une formation permanente française. Cinq ans plus tard, elle devient la première cheffe à descendre dans la fosse de la Scala de Milan pour y assurer la création d’un opéra.

Dans les deux cas, il s’agit de musique contemporaine, territoire moins misogyne et plus ouvert aux jeunes talents que celui du grand répertoire symphonique et lyrique. « J’ai grandi avec les sonates de Brahms, les classiques font partie de mon alphabet musical, et j’ai adoré les jouer quand j’étais dans l’orchestre », précise l’ancienne violoncelliste. « Mais le business, simpliste, a tendance à enfermer les gens dans des boîtes, surtout en début de carrière : vous dirigez des créations, donc vous ne pouvez pas faire autre chose. Il faudrait plutôt questionner le fait que certains chefs ne dirigent jamais d’œuvres contemporaines… » Elle-même fait désormais les deux, sans rien changer à sa façon d’aborder chaque œuvre « comme s’il s’agissait d’une toile blanche ». Se réjouissant simplement, quand il s’agit de musique d’aujourd’hui, de pouvoir discuter avec les compositeurs.